A la rentrée 2022, des reçu·es aux concours de l’enseignement du 2nd degré et des néo-titulaires se retrouveront affecté·es dans des académies hexagonales et non à La Réunion malgré les possibilités d’accueil. La FSU accompagne les personnels concernés depuis de nombreuses années. Ce dossier techniquement complexe mériterait une réflexion approfondie.
La FSU Réunion rappelle qu’elle a toujours demandé l’attribution de postes de titulaires à la hauteur des besoins éducatifs de l’île et que par conséquent Créteil et Versailles ne soient pas les seules académies à être considérées comme déficitaires (le ratio contractuels/fonctionnaires à la Réunion le justifie). Ce rappel est nécessaire car pour être affecté·e en tant que fonctionnaire, il faut déjà qu’il y ait des postes disponibles, dont le nombre varie par ailleurs d’une discipline à l’autre. Le manque de postes reste aujourd’hui la première cause qui empêche la nomination des fonctionnaires enseignant·es originaires de La Réunion. La deuxième est l’attractivité du métier d’enseignant dans un département largement touché par le chômage ainsi qu’un bon taux de réussite aux concours nationaux. La réduction drastique du nombre de postes d’enseignants au cours du dernier quinquennat cumulée à des concours qui ne font pas le plein réduit mathématiquement les possibilités d’affectation dans notre académie car le ministère se contente de répartir la « pénurie » de titulaires sur l’ensemble du territoire national et compte aussi sur les agent·es réunionnais·es pour assurer le service public d’éducation dans les académies considérées déficitaires selon ses critères. Il est à remarquer aussi que la loi dite de transformation de la fonction publique de 2019 prévoit un recours accru à l’emploi précaire pour assurer des missions de service public et l’Éducation n’est pas épargnée.
Il est vrai que sous de précédents gouvernements, des améliorations ont été apportées pour les mutations des ultramarins. C’est le cas du dispositif dit du Centre des Intérêts Matériels et Moraux (CIMM) qui facilite le « retour » et nous constatons de plus en plus d’affectations par ce biais. Dans certaines disciplines, la concurrence se fait même entre bénéficiaires du CIMM… sur le peu de postes considérés vacants par le ministère. Il faut donc revoir les principes du calibrage des postes sur les académies d’outre-mer et ainsi permettre plus d’affectations de personnels avec CIMM.
L’affectation des stagiaires est aussi bien plus difficile à gérer pour les concerné·es qui ne bénéficient d’aucune aide financière contrairement aux personnels déjà titularisé·es. Le ministère reconnaît pourtant cette difficulté puisqu’il n’impose pas d’affectation vers l’outremer sans demande expresse des intéressés (titulaires ou stagiaires). De plus, le court délai entre l’annonce des résultats et la rentrée laisse peu de temps pour organiser sa vie privée à 10 000 kms. La FSU propose que le vœu de report de stage puisse se faire a posteriori du résultat de l’affectation.
Pour favoriser la nomination des réunionnais·es sur l’île, certains proposent une « régionalisation » des concours du 2nd degré. La FSU Réunion ne pense pas que cette solution irait dans le sens d’une amélioration de l’accès aux postes d’enseignant·es. En effet, dans le 2nd degré il faudrait organiser un concours pour chaque discipline en adéquation avec les besoins de la Réunion, ce qui fermerait parfois un certain nombre de concours. Par ailleurs, l’attractivité de l’académie amènerait des candidatures qui ne seraient pas exclusivement celles avec CIMM, augmentant ainsi la concurrence sur les places ouvertes aux concours (voir ce qui se passe dans le 1er degré).
C’est pourquoi la FSU Réunion réaffirme que la solution reste la création de postes de fonctionnaires dans l’académie à hauteur des besoins. Par ailleurs la FSU propose de modifier les règles d’affectation des stagiaires en prenant en compte la spécificité des outremers et enfin, le retour sur le choix politique d’un recours accru aux contrats précaires doit être posé, le statut étant nettement plus protecteur que le contrat. La FSU demande également l’abrogation de la loi de Transformation de la Fonction Publique.
La FSU propose une table ronde sur la problématique des affectations des titulaires et des stagiaires dans l’académie.