DÉCLARATION LIMINAIRE de la FSU lors du CSA-A du 22 juin 2023

Nous arrivons maintenant à la fin d’une année scolaire qui a connu un mouvement social d’une
ampleur et d’une unité unanimement saluées. Porté par une opinion publique très largement favorable
aux organisations syndicales, le refus d’une retraite à 64 ans s’est heurté à la plus grande brutalité
institutionnelle qui soit au moyen du détournement répété de plusieurs outils constitutionnels.
Cette réponse autoritaire démontre le peu d’appétence de ce gouvernement pour la démocratie
représentative et pour le dialogue sincère avec les organisations syndicales ; ne parlons même pas de
dialogue social tant le fond des dossiers est tout sauf social tout au moins dans le sens où nous
l’entendons, c’est-à-dire celui du progrès social.
Malheureusement nous constatons une fâcheuse habitude bien installée dorénavant y compris dans
l’Éducation Nationale qui consiste à mépriser la parole des OS au profit de décisions prises d’en haut,
hors sol et globalement néfastes : suppressions de postes, réformes diverses, mise à sac de la voie
professionnelle, Pacte, mépris pour les « premiers de corvée » que sont par ex les AESH,…
10 % sans contrepartie pour tous-tes les enseignant-es, choc d’attractivité, telles étaient les belles
promesses de l’entre- deux tours… Au final, en lieu et place d’une véritable revalorisation salariale,
le ministère propose quelques mesures socle largement insuffisantes et très inégalitaires, qui ne
permettent même pas de rattraper ce qui a été perdu ces dernières années notamment du fait de
l’inflation et du gel du point d’indice !
Non content de nous contraindre à travailler deux ans de plus, E. Macron nous ressort les vieilles
recettes libérales du « travailler plus pour gagner plus ». Quand on sait que la moitié des professeures
se déclare en situation d’épuisement professionnel élevé selon les chiffres du Ministère publiés
dernièrement dans le baromètre du bien-être au travail, exiger de travailler plus pour que les
personnels puissent répondre à leurs besoins financiers réels est une provocation du Ministère. Il est
même une insulte à la profession qui accrédite l’image d’une profession oisive qui aurait tant de temps
à consacrer à des tâches supplémentaires. Vieille rengaine démentie par toutes les enquêtes
internationales et européennes qui montrent que les enseignant.es français.es sont parmi celles et ceux
qui travaillent le plus d’heures à l’année. Ce pacte va amplifier la dégradation de nos conditions de
travail sans résoudre la crise de recrutement. Il va produire encore plus d’inégalités de traitement
entre collègues, entre femmes et hommes tout particulièrement et laisser de coté les personnels les
plus fragiles (RQTH, malades, parent isolé…). Car qui pourra aller effectuer des heures
supplémentaires au collège ? Apparemment pas les maîtresses de maternelle qui ne sont pas jugées
assez compétentes !
Enfin, ne sous-estimons pas les choix dogmatiques qu’il porte en termes de management et de
politique éducative, avec l’externalisation de la difficulté scolaire, la mise en concurrence des
personnels par les primes. Sans ce dogme ultra libéral, l’enveloppe budgétaire du pacte qui s’élève à
1,1 milliard d’euros pourrait être basculée sur le socle et permettrait une première augmentation de
115 € brut par mois sous forme de point d’indice de l’ensemble des 800 000 enseignant.es du pays.
115€ brut qui viendraient abonder les caisses de sécurité sociale, en recettes supplémentaires à utiliser
plutôt que la contre-réforme des retraites contre laquelle nos collègues restent engagé.es.
Dans le premier degré, les directrices et les directeurs d’école devront organiser le Pacte, contrôleront
les ordres de mission des collègues qui s’y seront engagé.es et justifieront l’octroi de la rémunération
afférente auprès de l’administration. Bien loin de l’allègement des tâches de direction, c’est un pas
de plus vers le statut hiérarchique induit par la loi Rilhac contre laquelle la FSU-SNUIPP n’a cessé de se battre car elle va détruire les collectifs de travail qui font la singularité de notre École
Républicaine.
Quant à la dernière réforme de la voie professionnelle, elle poursuit la destruction de la voie pro et
accentue le tri social dès la 5ème ! Techniquement, le développement effréné de l’apprentissage pose
dans notre île la question de la saturation des entreprises en termes d’accueil des jeunes en formation.
La recherche de lieux de stage est toujours d’une extrême complexité dans de nombreuses spécialités.
Le doublement des PFMP prévu dans la réforme ne fait que renforcer l’inquiétude des enseignants
confrontés à la difficulté de leurs élèves à trouver des lieux de stage et ne parlons pas de leur qualité.
Doit-on passer des semaines en entreprise pour valider un papier pour un examen ou y acquérir des
compétences ? Par les temps qui courent la question mérite d’être posée. De même, cette réforme
prévoit l’adéquation des formations aux besoins des entreprises locales… est-il possible dans notre
Région d’enfermer les choix des jeunes dans des formations ciblées pour correspondre au strict
marché de l’emploi. S’il est nécessaire à chacun de trouver un emploi, l’épanouissement passe aussi
par le choix des formations suivies sans être obligé de s’exiler précocement pour les suivre. Le
SNUEP-FSU confirme sa totale opposition à une réforme qui accentue le tri social et transforme les
PLP en conseillers Pôle Emploi – France Travail !
La FSU dénonce par ailleurs les conditions de travail des enseignants en cette fin d’année. En effet,
si les obligations de participation aux examens sont bien entendues et ne peuvent être remises en
question, leur articulation avec les autres obligations méritent une meilleure analyse et gestion.
Cela pourrait éviter la situation actuelle où de nombreux collègues font face à des obligations
hebdomadaires bien supérieures à celles prévues et ceci, sans rémunération supplémentaire.
De plus, certains fonctionnements posent question : quel intérêt y a-t-il par exemple à intimer l’ordre
aux enseignants de rester dans leur classe même en l’absence d’élèves avec tournée des AED pour
faire l’appel à n’importe quel moment pour vérifier… quoi au juste ?
Ajoutez à cela les sollicitations pour l’engagement sur les nouveaux PACTE et vous obtiendrez une
ambiance de travail délétère aggravant ainsi pour nombre de collègues un sentiment de colère et
d’écœurement déjà bien présents. « Travailler plus pour gagner plus », pour, en réalité, travailler
encore plus pour craquer encore plus vite. Le nombre de démissions, de ruptures conventionnelles et
d’arrêts de travail n’est-il pas un indicateur du mal-être qui traverse la profession ?
La FSU appelle les collègues à refuser le PACTE. Nous n’acceptons pas la casse du service public
d’éducation et nous continuerons à appeler les personnels à combattre ce projet d’École et plus
globalement de société.
Le sujet qui nous intéresse plus particulièrement aujourd’hui est celui de l’élection des membres du
Conseil Médical. La FSU dénonce le manque de cohérence entre une désignation des membres par le
CSA, et non plus par les CAP, et les directives de la DGRH qui recommandent que « ces représentants
aient une bonne connaissance des fonctions, de l’environnement de travail et des conditions de travail
des agents, dont les dossiers sont étudiés. ». C’est pourquoi, la FSU sera vigilante à ce que les
engagements pris au ministère soient respectés notre académie et1 qu’un nombre suffisant de
représentants des personnels soient convoqués en fonction des besoins exprimés par les agents
concernés.