Pour débuter, la FSU tient à vous souhaiter, Monsieur le Recteur, la bienvenue dans notre académie.
La FSU se félicite que vous l’ayez entendue et que vous ayez rétabli le recours aux Groupes de Travail pour préparer les instances. Toutefois, compte tenu de la diversité et de la technicité des sujets abordés lors du Groupe de Travail du 17 novembre, la FSU vous a demandé d’ouvrir les Groupe de Travail à davantage de représentants, ce qui nous a été refusé. Nous espérons que vous entendrez cette demande formulée dans l’intérêt de tous, pour les prochains GTs.
Le ministère de l’Éducation Nationale vient de rendre publics les résultats d’une enquête sur le niveau des élèves de 4ème en français et mathématiques et oh surprise… il est en baisse !
Comment pourrait-il en être autrement après des années de destruction méthodique du système éducatif public : compression budgétaire, baisse des moyens humains, réformes imposées contre la volonté des personnels, classes surchargées, injonctions absurdes,…
Que dire par ailleurs de la façon dont l’institution se défausse de ses responsabilités en matière de remplacement des enseignants absents, en matière de faiblesse des salaires, en matière de dégradation des conditions de travail de toutes et tous ?
D’autre part, le sujet si important du harcèlement en milieu scolaire est traité avec l’incroyable légèreté d’une opération de communication ; qui peut en effet raisonnablement penser qu’il suffira d’une enquête pour en venir à bout ?
Les personnels se trouvent souvent démunis, faute de moyens, de temps et d’un cap clair en la matière. C’est un fléau qui nécessite la mobilisation de toute la communauté éducative et bien au-delà, de toute la société. Les géants des réseaux sociaux ne sauraient passer à travers les mailles du filet de leur immense responsabilité en matière de cyber-harcèlement.
Le harcèlement touche des élèves mais, il ne faut pas l’oublier, également des personnels parfois en grande souffrance.
Au delà de ces sujets qui traversent l’école publique, que dire aussi des pistes avancées par le nouveau ministre qui, si elles sont appliquées, seront au mieux inutiles et inefficaces, au pire dangereuses : classes de niveaux, collège « modulaire » c’est-à-dire instrument d’une sélection sociale qui ne dit pas son nom mais qui se situe dans le droit fil d’une idéologie ultralibérale déjà largement en œuvre en lycée et dont la toxicité n’est plus à prouver.
Pour la voie professionnelle, l’opposition de notre organisation aux réformes en cours reste forte car elle dégrade à nouveau les contenus de nos diplômes, les conditions de travail des PLP et de stages de nos élèves. Nous vous avions déjà alerté, Monsieur le Recteur sur la difficulté que rencontrent les élèves et leurs enseignants pour trouver des lieux de stage et à fortiori des stages de qualité. Ceci impacte aussi la qualité de la formation délivrée. Actuellement, la réforme de la classe de terminale telle qu’elle est prévue va réduire encore le temps d’enseignement global dont la partie enseignement général. C’est pourquoi nous appelons, en intersyndicale, à faire grève et à manifester le 12 décembre.
Cette école à deux vitesses qui épuise les personnels et n’est plus en capacité de remplir ses missions au service de l’égalité des chances, n’est pas celle que défend la FSU !
Dans notre académie, l’agression dont a été victime une enseignante du LP Patu de Rosemont est significative d’une organisation de la gestion des incidents qui est problématique dans de nombreux établissements notamment concernant la gestion des élèves exclus de cours.
En effet, comment peut-on ramener en classe un élève exclu par le professeur quelques minutes auparavant sans penser que cela va générer une situation de stress et de conflit supplémentaires ? Comment espérer que les élèves respectent leurs enseignants alors que l’administration les discrédite ? Il faut que ces pratiques cessent ! La décision de l’enseignant ne doit pas être remise en question devant les élèves même si elle peut faire l’objet d’une discussion ultérieure entre adultes.
De manière plus générale, comment espérer attirer vers le métier d’enseignant alors que l’on a procédé à une destruction systématique de leur image ?
Par ailleurs, de nombreux non-titulaires rencontrent de grandes difficultés dès qu’ils ont le malheur de tomber malades. En effet, beaucoup ne sont pas informés des procédures à suivre et tout particulièrement sur la destination des documents médicaux. Plusieurs nous ont interpelés sur les échanges qu’ils ont avec leur gestionnaire et la MGEN et/ou la CGSS. Les 3 institutions tiennent des discours opposés sur le circuit que doivent suivre les documents, ce qui est préjudiciable pour les personnels. Les atermoiements et des erreurs d’expédition peuvent priver ces derniers d’indemnités pendant des périodes parfois longues, ajoutant l’insécurité matérielle à la maladie. De même, sur des fins de contrat, pour l’indemnisation, les récupérations d’heures supplémentaires ou d’indemnités…. La FSU demande la mise en place d’un groupe de travail sur ce sujet afin de faire un bilan des dysfonctionnements et permettre d’améliorer la situation des agents souvent précaires.
Dans le premier degré, l’enquête récente de l’ASL (Autonome de Solidarité Laïque) sur le climat scolaire pointe le mal-être des PE dans le cadre de l’école inclusive telle qu’elle est vécue, au point de parler de “point de bascule”. Les auteurs précisent que “Un point de bascule a été atteint, et pour la première fois dans nos enquêtes en école primaire, les personnels sont majoritairement insatisfaits de leur métier.”
Les annonces sur “un acte 2 de l’école inclusive” nous font craindre une nouvelle aggravation de la situation à brève échéance.
A ce contexte s’ajoutent les attaques sur le métier qui s’accélèrent même avec le ministre ATTAL. Sont annoncées, la réécriture des programmes autour des “fondamentaux”, la remise en cause des cycles, des manuels imposés en Éducation prioritaire et dans les DROM. Le ministère traite résolument les enseignant.es du 1er degré en exécutant.es.
De fait, sous-investissement chronique, politiques éducatives régressives et inégalitaires, mise au pas du métier par un management agressif s’articulent pour dégrader les conditions de scolarité des élèves et de travail des personnels.
Selon l’étude de l’Unicef, à la Réunion, 46% des enfants vivent dans un ménage pauvre. Dans de telles conditions de précarité, notre académie a le devoir d’accueillir les élèves en assurant une équité de traitement. Elle doit donc réclamer des moyens humains supplémentaires à hauteur des besoins afin de dédoubler toutes les GS en REP, d’accueillir les enfants dès 2 ans dans les secteurs les plus défavorisés, d’assurer le remplacement des enseignants au lieu de faire appel à des contractuels, d’apporter une aide administrative efficace aux directeurs et directrices d’école, d’assurer une formation continue de qualité qui corresponde aux besoins des enseignants, de développer la médecine scolaire pour constituer un levier de prévention afin de détecter les troubles de façon précoce et de proposer une réponse qui ne relève pas de l’urgence.
Globalement la situation des personnels de l’éducation nationale est difficile. Notre académie mérite plus de considération. La FSU demande le classement de tous les établissements de l’académie en éducation prioritaire, le recrutement de personnel au service de la médecine de prévention et d’accompagnement des personnels handicapés et en difficulté.